Par Kathy Guilhempey, chargée de projet en communication pour Proche en tout temps
«Nous avons tendance à sous-évaluer des signaux importants observés chez les aînés vivant avec un problème de santé mentale.» Tel est le constat qui revient souvent parmi les intervenants rencontrés dans le cadre de Proche en tout temps. Autrement dit, nous minimisons ou banalisons des symptômes ou la détresse psychologique chez un proche de 65 ans et plus, souffrant de maladie mentale. Nous les attribuons à l’âge ou à la maladie mentale elle-même, comme s’il s’agissait d’éléments normaux ou inéluctables. Faisons-nous vraiment cela? Peut-être inconsciemment? Tentons d’y voir plus clair.
Pour y parvenir, esquissons le contexte. Notre agenda, comme notre tête, déborde. Le temps file plus vite qu’une étoile, nos activités et engagements s’enchaînent. Par conséquent, nous ne parvenons pas à vivre, nos émotions, qui en sont partiellement refoulées. Nous tentons d’accomplir notre méga liste de tâches, d’être un bon conjoint/parent/ami/collègue. Nous faisons de notre mieux, avec cœur.
Bien qu’étourdis par ce rythme effréné, nous avons remarqué que Papa néglige son hygiène ces derniers temps. Nous lui en avons parlé, mais sa réponse un peu rude ou évasive, a fait que nous n’avons pas insisté. Pourrions-nous nous accorder une petite trêve d’effort pour une fois?
Parce que oui, c’est terriblement difficile de voir ceux que l’on aime aller moins bien. La tentation de nier l’évidence est grande. Parce que nous espérons que « ça va se replacer ». Parce que nous serions de prime abord, désemparés si la santé déjà malmenée de notre proche s’aggravait ou si une rechute survenait. C’est déjà loin d’être évident pour nous en ce moment! S’adapter à une éventuelle nouvelle réalité semble au-dessus de nos forces.
Alors, créons une fenêtre de temps pour prendre soin de nous, nous reposer et nous ressourcer, sans hésiter à nous faire aider au besoin. Puis revenons vers notre proche : nommons des faits, et non des reproches, en nous ouvrant à lui sur nos observations, nos inquiétudes. Soyons sincères dans nos émotions, car cela lui permettra de l’être en retour. Même si « ça ne se fait pas » dans notre famille, par peur d’être jugé, par habitude. Peu importe. Osons déranger quelques instants. Osons être mal à l’aise momentanément mais posons les bonnes questions… et acceptons les réponses du mieux que nous pouvons, quelles qu’elles soient. Acceptons d’être interpellés par la souffrance de notre proche, par « ce qui accroche ».
Une fois la tension émotive retombée, nous pourrons envisager ensemble, avec notre proche, les actions à poser pour cheminer vers un rétablissement, en commençant par consulter conjointement son médecin de famille par exemple. Le professionnel de la santé saura dire si nos craintes étaient fondées. Si ce n’est pas le cas, tant mieux! Si oui – soulagement -, nous avons consulté sans délai. Pensons aussi à nous remercier d’être sortis de notre zone de confort par bienveillance pour notre proche. Et passons le message au plus grand nombre : quand sonne une cloche dans notre esprit, osons l’entendre et l’écouter.
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