Santé mentale : le rétablissement de l’entourage

Par Kathy Guilhempey, chargée de projet en communication pour Proche en tout temps.

« Michel s’interroge aussi sur l’utilité de sa présence aux côtés de son père, quand aucun mot, aucun regard presque n’est échangé pendant une heure. »
« Michel s’interroge aussi sur l’utilité de sa présence aux côtés de son père, quand aucun mot, aucun regard presque n’est échangé pendant une heure. »

La maladie mentale n’impacte pas seulement la personne concernée au premier plan, mais des répercussions se font également sentir pour l’entourage : sa famille, ses amis. Le rétablissement  pour les personnes atteintes de maladie mentale (capacité à mener une vie agréable et satisfaisante malgré la présence d’une maladie mentale) est un sujet dont on parle abondamment. Mais personne ne parle du rétablissement de l’entourage. D’ailleurs, ne serait-ce pas un peu exagéré : l’entourage n’est pas malade, comment pourrait-il se rétablir? Afin d’y voir plus clair, plongeons quelques instants dans l’univers de Michel (nom fictif pour préserver son anonymat), qui prend soin de son père de 78 ans qui traverse une grave dépression.

Michel doit composer avec une myriade de ressentis peu agréables dont la culpabilité, l’inquiétude, le stress, l’incertitude, l’impuissance. Il ne reconnait plus son père : d’ordinaire si dynamique et tourné vers les autres, il passe désormais la majeure partie de ses journées couché et en silence. Il se sent bien souvent démuni de ne pas parvenir à lui changer les idées. Parfois, le personnel de l’hôpital informe Michel que son père ne veut recevoir aucune visite, alors qu’il a mis ses propres obligations de côté, pour aller lui rendre visite. Il s’interroge aussi sur l’utilité de sa présence à ses côtés, quand aucun mot, aucun regard presque ne sont échangés pendant une heure. Et d’autres questions tournent encore dans sa tête : son père devra-t-il aller en résidence à sa sortie de l’hôpital, étant donné qu’il vit seul? Son père va-t-il se rétablir ou doit-il faire le deuil du père qu’il a toujours connu?

Michel, bien qu’en bonne santé physique et mentale, vit lui aussi des moments difficiles et des émotions parfois contradictoires : il aime profondément son père, mais il ressent parfois une certaine colère face à son manque de considération pour lui. Est-il subitement devenu méchant? Non, il est malade : la dépression est une maladie qui amène la personne à se centrer sur elle-même. Pas qu’elle n’aime plus les autres. Simplement qu’elle n’a plus totalement conscience de ceux qui l’entourent et de leurs préoccupations, parce ses propres problèmes deviennent l’arbre qui masque la forêt.

Michel serait-il totalement soulagé si son père se rétablissait? En partie, seulement. Parce que cela n’effacera pas les blessures laissées par cet épisode. Il est donc important de prendre conscience qu’en matière de santé mentale, l’entourage doit, lui aussi, se préoccuper de son propre rétablissement. C’est un rétablissement distinct de celui de son proche, parce qu’il s’agit pour l’entourage, de reconnaître qu’il a été heurté dans ses émotions et d’en panser les plaies, d’en guérir. Et s’il y a peu ou pas d’améliorations dans la santé du proche, on a tout lieu de croire que les blessures de l’entourage peuvent se faire plus fréquentes ou plus marquées, simplement parce qu’elles s’étaleront dans le temps. Alors diffusons ce message : lire sur le sujet, en parler, se changer les idées, aller chercher de l’aide : ce n’est pas un signe de faiblesse, mais un signe de courage.

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