Par Marianne Cornu, gestionnaire du projet Proche en tout temps et directrice générale de l’organisme Le Gyroscope du bassin de Maskinongé
La dépression et la démence, deux troubles assez fréquents chez les personnes aînées, sont parfois difficiles à distinguer l’un de l’autre. Ils peuvent d’ailleurs parfois se manifester simultanément et certaines études sous-tendent même qu’un trouble pourrait parfois être précurseur de l’autre et vice-versa.
Nous nous attarderons ici surtout à distinguer les signes de dépression versus les signes précoces de démence (non accompagnée de dépression).
Selon L’Association des médecins psychiatres du Québec, la démence, aussi appelée trouble neurocognitif mineur ou majeur, est caractérisée par une perte des facultés mentales qui réduisent la capacité d’une personne à s’occuper d’elle-même de façon autonome, alors que la dépression majeure est une maladie mentale qui se caractérise par une perte de plaisir et une humeur triste soutenue pendant plusieurs semaines.
La démence s’installe plutôt lentement. Le début de la maladie est difficile à situer dans le temps. Les changements observés sont graduels, comme l’intérêt et la motivation à se mettre en action dont le déclin se fait sur une longue période, alors que dans la dépression il y aura une perte d’intérêt et de la capacité de ressentir du plaisir se faisant sentir en quelques semaines seulement. Même chose au niveau du poids, du sommeil, de l’agitation psychomotrice et du niveau d’énergie de la personne : les changements se font graduellement en ce qui a trait à la démence alors qu’ils apparaissent plus rapidement quand on parle de dépression. La rapidité à laquelle se font sentir ces changements n’est toutefois pas la seule différence : la manière dont les symptômes se présentent diffère aussi selon le trouble. Par exemple si on observe les changements en lien avec le sommeil, dans la démence, on verra davantage des perturbations du cycle sommeil-veille alors que dans la dépression on verra davantage une augmentation ou une diminution des périodes de sommeil.
D’autres symptômes généralement présents dans la dépression, comme les idées suicidaires, la dévalorisation et le sentiment de culpabilité, ne se rencontrent que peu dans la démence. Pour ce qui est de la concentration, au début de la démence, elle demeure généralement bonne, alors que dans la dépression on remarque une diminution soudaine de la capacité de concentration et un sentiment d’indécision marqué. Pour ce qui est des troubles de mémoire, dans la dépression elle est souvent perturbée, alors que dans la démence c’est surtout la mémoire à court terme qui démontre certaines lacunes, la mémoire d’événements plus anciens étant peu touchée.
On remarquera aussi chez la personne aux prises avec la démence une absence de plaintes de difficultés cognitives, alors que la personne en dépression aura tendance à nommer ses difficultés, comme les oublis qu’elle pourra avoir.
Des changements tels que ceux mentionnés plus haut méritent qu’on s’y attarde et qu’on consulte un médecin. Un bon truc pour les membres de l’entourage est de noter leurs observations, en se basant sur des faits. Ces notes pourront être partagées au médecin du proche accompagné. Sachez enfin que la dépression ou la démence ne sont pas des conséquences normales ou attendues du vieillissement, d’où la nécessité de consulter.
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