Par Marianne Cornu, gestionnaire du projet Proche en tout temps, et directrice générale du Gyroscope du Bassin de Maskinongé.
Accompagner une personne qui vit avec un problème de santé mentale fait passer par toutes sortes d’émotions et de sentiments. Parmi les plus difficiles à vivre se trouve l’impuissance. En effet, on peut parfois avoir l’impression d’avoir tout essayé pour aider la personne atteinte à aller mieux, d’avoir mis en pratique les conseils reçus, d’avoir été patient… et d’avoir échoué.
Que ce soit un de nos parents ou grands-parents ou encore notre conjoint qui ait un trouble de santé mentale, nous voudrions que cette personne se sente bien, qu’elle accepte les soins, qu’elle suive les recommandations du médecin ou d’autres intervenants, qu’elle se nourrisse adéquatement, qu’elle ait des activités. Nous voudrions également éviter les rechutes, les prises de bec, la dégradation de son état, etc.
De plus, pour certains aidants, des changements relatifs aux symptômes de la maladie de leur proche vieillissant sont difficiles à comprendre. Par exemple, pour les personnes vivant avec la schizophrénie, les idées délirantes ou les hallucinations ont tendance à diminuer avec l’âge, mais la difficulté à entretenir des relations sociales, l’apathie ou la tendance au négativisme, qui sont des caractéristiques de la maladie, vont souvent s’accentuer ou devenir plus fréquentes. Pour l’aidant qui n’en est pas informé, cela peut être très frustrant.
Un élément est pourtant central lorsqu’on aide une personne ayant un trouble de santé mentale, quel que soit son âge : il est impossible de tout contrôler. Aucun membre de l’entourage ne pourra guérir son proche ou résoudre tous ses problèmes. C’est là que le lâcher-prise devient nécessaire. Pour Nicole Bordeleau, maître en yoga et méditation, auteure et conférencière, « lâcher prise, c’est relâcher notre emprise sur les choses pour leur permettre d’apparaître telles qu’elles sont et non pas telles qu’on voudrait qu’elles soient ». Il ne s’agit pas de baisser les bras, d’abandonner, mais plutôt d’apprivoiser le sentiment d’impuissance, d’accepter que certaines choses ne sont pas de notre ressort et que tout ne se passe pas toujours comme on le souhaiterait. Plutôt que de s’agripper à nos émotions ressenties comme négatives et de s’acharner à vouloir tout contrôler, si nous acceptions notre impuissance là où nous le constatons et que nous axions notre aide sur ce qui fonctionne ?
Par exemple, si notre proche aime regarder un film avec nous, que cela le calme et le détend, alors cette option est précieuse en soi ! Évidemment, il ne s’agit pas d’accepter l’inacceptable. On ne laissera pas se désorganiser un proche devenu inapte à décider pour lui-même, malgré toute la lourdeur des démarches pour démontrer cette inaptitude. Dans un tel cas, d’ailleurs, il importe d’aller chercher du soutien. Comme pour les autres aspects où offrir notre aide est plus difficile. Des amis, d’autres membres de la famille ou encore des services communautaires ou des résidences spécialisées peuvent prendre le relais et apporter à leur tour du soutien à la personne atteinte. Tout prendre sur ses épaules peut mener au ressentiment et à l’épuisement. En laissant à la personne atteinte la responsabilité des décisions et actions qui la concernent, dans la mesure de ses capacités, et en mettant en place autour d’elle un réseau d’aide, l’aidant s’en trouve soulagé et peut se concentrer à apporter un soutien de qualité à la personne qu’il accompagne.
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