Par Kathy Guilhempey, chargée de projet en communication pour Proche en tout temps.
De la même façon qu’il existe des maisons, des condos et des appartements pour que chacun puisse espérer vivre dans un lieu de vie qui lui convient, l’offre d’hébergement en santé mentale pour les aînés se décline sous diverses formes pour répondre à des besoins très différents. Esquissons un bref portrait d’habitants de chacun de ses lieux, à destination de l’entourage en santé mentale.
Louise vit en ressource intermédiaire où elle occupe une chambre, comme 11 autres résidents. À 92 ans, Louise a connu l’institution psychiatrique au début de sa vie d’adulte. Ses épisodes de catatonie sont si intenses que la supervision constante d’intervenants formés est nécessaire pour sa sécurité.
René aime la chambre qu’il occupe dans une résidence de type familial. La routine de vie y est bien établie : lever à 7h, à 7h30, il vide le lave-vaisselle et vers 8h, le déjeuner est servi. Puis il va y avoir les draps de son lit à replacer et sa toilette à faire : la matinée sera vite passée. En après-midi, il a prévu une promenade « pour être tranquille, tout seul, un peu ». Mais il a déjà hâte au souper de pouvoir conter « à la gang » (ses 3 autres colocataires et les propriétaires de la résidence), les bateaux qu’il aura vu passer sur le fleuve.
Gérard, qui vit avec un trouble d’anxiété généralisé sévère, est heureux d’habiter seul dans sa maison. Avec l’aide ponctuelle de son intervenante, il a notamment réussi à ne plus appeler un plombier dès qu’une goutte d’eau perlait du robinet fermé de la cuisine. Bien que récemment à sa retraite, il a déjà décidé dans quelle résidence pour personnes âgées il ira, quand il ne pourra plus fonctionner seul au quotidien. « Ça me rassure de le savoir », dit-il.
« J’en ai eu bien besoin au début, mais maintenant, je suis correct! », affirme Claudette à propos de son intervenante, qu’elle n’a pas eu besoin d’aller consulter depuis 2 ans. Elle se sent bien dans son 3½ joliment décoré. Celle qui vit désormais dans un quartier populaire, a longtemps été propriétaire « d’un char de l’année et d’une grosse cabane », comme elle dit. Entre temps, de graves événements traumatiques se sont produits. Depuis, au quotidien, elle entend des voix. Mais cela ne l’empêche pas d’offrir de son temps pour de nombreuses implications bénévoles.
Chacun de ces portraits nous indique que le lieu de vie idéal est différent pour chacun, en fonction des besoins qui lui sont propres. Pour soutenir un proche aîné vivant avec une maladie mentale, il est important de s’assurer que son lieu de vie est adapté et habilitant, c’est-à-dire qu’il offre un environnement sécuritaire mais aussi, stimulant le développement de son pouvoir d’agir et de son autonomie, quel que soit son âge. Claudette, par exemple, ne serait pas heureuse en ressource intermédiaire, car elle s’y sentirait infantilisée. Se sentir bien chez soi est une des conditions premières à remplir pour espérer mener une vie la plus épanouissante possible.
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