Proche en tout temps http://procheentouttemps.org/index.html Site d'information pour l'entourage d'aînés de 65 ans et plus vivant avec une problématique en santé mentale Wed, 12 May 2021 19:33:01 +0000 fr-FR hourly 1 SitePad Un temps d’arrêt… http://procheentouttemps.org/blog/un-temps-darret.html http://procheentouttemps.org/blog/un-temps-darret/#respond Fri, 19 Mar 2021 14:11:15 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/un-temps-darret.html

Par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps.

Pour l’entourage, la situation peut s’avérer tout aussi complexe. Comme enfant, comme conjoint.e, comme frère, comme sœur, accompagner une personne aînée aux prises avec un problème de santé mentale emmène son lot d’émotions et de questionnements.
Pour l’entourage, la situation peut s’avérer tout aussi complexe. Comme enfant, comme conjoint.e, comme frère, comme sœur, accompagner une personne aînée aux prises avec un problème de santé mentale emmène son lot d’émotions et de questionnements.

La question des problèmes de santé mentale chez les personnes aînées est complexe. Par problèmes de santé mentale, on entend ici les troubles tels que la schizophrénie, la dépression, le trouble bipolaire, etc. Déjà, la génération des 65 ans et plus est passée à travers de multiples changements de société concernant les soins et la perception de la maladie mentale, ce qui peut être assez mélangeant. Les aînés sont par ailleurs amenés à vivre des transitions, des pertes et des deuils tels que le passage à la retraite, à une résidence, le décès de proches, des problèmes de santé physiques, etc., événements qui peuvent être très difficiles à vivre. L’évaluation et le traitement des troubles de santé mentale chez cette tranche de la population doit de plus tenir compte du vieillissement, des autres problèmes de santé, de la plus grande sensibilité des aînés aux médicaments.

Le modèle C.A.P. décrit les rôles et les besoins particuliers des membres de l’entourage : de par ce qu’il est amené à vivre, le proche peut être à la fois client du système de santé, accompagnateur de la personne qu’il soutient (et à ce titre, avec l’accord de la personne concernée, pouvoir parler avec l’équipe soignante, s’impliquer dans les soins et favoriser le rétablissement possible, eh oui, à tout âge!) et, finalement, partenaire du système de santé (et s’impliquer à divers niveaux dans des organismes, des comités). Évidemment, il n’y a aucune obligation dans les rôles décrits et les besoins de chacun varient.

Un élément doit toutefois être gardé en tête : aider demeure un choix. On ne parle pas ici d’une situation d’urgence où, comme citoyen, nous avons l’obligation d’intervenir. On parle du quotidien, de l’accompagnement sur une plus longue période. Pour écouter activement une personne, il faut y être disposé. Pour conduire quelqu’un à un rendez-vous, il faut avoir une voiture. On ne peut donner ce qu’on n’a pas. Voilà pourquoi il est important de définir l’aide que nous sommes en mesure de donner et les limites que nous avons. Cela reste cependant très terre à terre… les émotions, elles, peuvent s’emballer quand même. Se sentir coupable, inadéquat, être fatigué, se fâcher, c’est humain. Ça arrive à tout le monde. Personne n’a réellement la charge de tout régler, de tout prendre sur ses épaules. Comme membre de l’entourage, il est sain et normal de demander de l’aide, par exemple à un organisme membre du réseau Avant de craquer. Il est souhaitable également de pouvoir compter sur au moins une autre personne pour prendre la relève, à l’occasion, auprès de la personne concernée. Il est aussi parfois nécessaire de mettre de l’eau dans son vin et d’apprendre à vivre avec certains comportements… il est impossible de tout contrôler. Un temps d’arrêt s’impose de temps en temps, histoire de voir où on en est rendu, si notre ancienne façon de voir les choses nous convient encore…

Au fil des articles de cette série, nous avons abordé différents aspects liés aux problèmes de santé mentale chez les aînés. Nous nous sommes attardés à la réalité de l’entourage et avons formulé divers conseils pour outiller les proches, les aider à mieux faire face aux difficultés qu’ils peuvent vivre. Nous arrivons à la fin de cette série d’articles. Nous vous invitons à consulter les outils créés dans le cadre du projet Proche en tout temps, regroupés sur le site Internet du même nom. Et surtout… soyez indulgents envers vous-mêmes. Il y a autant de manières d’aider qu’il y a d’êtres humains.

Cliquez ici pour lire l’article sur le site de La Gazette de la Mauricie

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L’évolution de la schizophrénie chez la personne aînée http://procheentouttemps.org/blog/levolution-de-la-schizophrenie-chez-la-personne-ainee.html http://procheentouttemps.org/blog/levolution-de-la-schizophrenie-chez-la-personne-ainee/#respond Thu, 04 Feb 2021 20:17:47 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/levolution-de-la-schizophrenie-chez-la-personne-ainee.html

Par Marianne Cornu, collaboratrice pour le projet Proche en tout temps

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la schizophrénie est un trouble mental sévère et chronique qui affecte plus de 23 millions de personnes dans le monde et se caractérise par des distorsions de la pensée, des perceptions, des émotions, du sentiment de soi et du comportement. Le ressenti comporte souvent des hallucinations, le fait d’entendre des voix ou de voir des choses qui n’existent pas, et des délires, des convictions inébranlables ou fausses.

On peut distinguer dans la schizophrénie des symptômes dits positifs et d’autres dits négatifs. Les symptômes positifs sont des « ajouts » aux pensées d’une personne, à ses perceptions ou à ses comportements, comme par exemple des hallucinations, des idées délirantes, une désorganisation. Ces symptômes se manifestent plus fortement lors d’une phase aiguë qu’on appelle aussi décompensation et qui correspond à un épisode de psychose. Les symptômes négatifs, eux, sont en quelque sorte des « pertes », une diminution des aptitudes comme des difficultés à communiquer, une baisse d’énergie et de motivation, une hygiène qui laisse à désirer, une difficulté à ressentir de la joie, une capacité de penser plus lente, etc. Les symptômes varient évidemment d’une personne à l’autre et ne se manifestent pas tous en même temps.

ÉVOLUTION DU TROUBLE AVEC L’ÂGE

Selon l’âge où la personne a développé ses premiers symptômes, l’évolution se fait différemment. La manière dont la personne a été traitée lors de l’apparition des symptômes fait aussi une différence. Par ailleurs, les psychoses laissent des traces au cerveau : plus la personne en fait, plus elle risque d’avoir des conséquences. De là l’importance d’un bon traitement et d’un soutien adéquat.

La schizophrénie développée de manière précoce, avant 40 ans, s’améliore généralement avec le temps : la personne atteinte expérimente en vieillissant moins de symptômes dits positifs, toutefois les symptômes négatifs ont tendance à s’accentuer. Il faut surveiller particulièrement les signes de dépression et les idées suicidaires. Pour la schizophrénie a début tardif, qui survient après 40 ans (mais avant 60 ans), le pronostic est d’ordinaire meilleur et les personnes touchées éprouvent moins de complications en vieillissant. Des symptômes qui s’apparentent à la schizophrénie apparaissant après 60 ans sont fréquents, il faudra cependant faire attention et investiguer pour connaître les causes (dépression psychotique? Délirium?).

SOUTENIR UN PROCHE AÎNÉ VIVANT AVEC LA SCHIZOPHRÉNIE

Tout d’abord, pour bien venir en aide à la personne, il importe de se renseigner, d’éviter de propager de fausses informations comme quoi par exemple les personnes vivant avec la schizophrénie seraient dangereuses ou encore que la schizophrénie est un dédoublement de personnalité. Ce n’est généralement pas le cas.

Comme membre de l’entourage, il est toujours aidant d’avoir une attitude empathique, d’établir le plus possible une collaboration positive en impliquant la personne concernée dans les décisions qui la concernent.

En cas de crise, il faut éviter de toucher la personne, de trop rentrer dans sa bulle. Il ne sert à rien de confronter la personne à propos de ses délires, de ses hallucinations. Elle se sentirait incomprise et cela pourrait même lui faire perdre davantage ses points de repères avec la réalité. Après la crise toutefois, il peut être possible d’en parler et d’aider la personne à faire la distinction entre le réel et le délire, sans juger, sans critiquer.

Finalement, comme membre de l’entourage, il ne faut pas hésiter à se faire aider pour mieux aider. Il y a des professionnels dont c’est le travail.

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La participation sociale: pilier du vieillissement actif http://procheentouttemps.org/blog/la-participation-sociale-pilier-du-vieillissement-actif.html http://procheentouttemps.org/blog/la-participation-sociale-pilier-du-vieillissement-actif/#respond Thu, 21 Jan 2021 21:26:34 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/la-participation-sociale-pilier-du-vieillissement-actif.html

Par Marianne Cornu, collaboratrice au projet Proche en tout temps

La participation sociale est un des piliers du vieillissement actif. Développer son pouvoir d’agir, se sentir inclus favorise le bien-être de tous. Il est cependant difficile pour beaucoup d’aînés vivant avec un problème de santé mentale de participer à la vie sociale, de fréquenter certains lieux, de bénéficier des services offerts dans les centres communautaires. Souvent l’objets de préjugés, en plus de difficultés liées au vieillissement, à la pauvreté ou autres, ils peuvent préférer fréquenter des organismes spécialisés en santé mentale, ce qui en soi est très bien mais témoigne d’une problématique d’exclusion sociale, lorsque la personne n’ose pas fréquenter d’autres endroits comme un centre de loisir ou un autre organisme s’adressant à une clientèle générale. Bref, les aînés vivant avec un problème de santé mentale sont à haut risque d’exclusion et d’isolement, avec toutes les conséquences que cela peut emmener.

 

UN PROJET DE RECHERCHE-ACTION POUR RÉFLÉCHIR À CES QUESTIONS

Une équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières travaille actuellement sur un projet de recherche intitulé Favoriser la participation sociale et l’inclusion d’aînés vivant avec une problématique de santé mentale en partenariat avec les centres communautaires de loisirs : études des besoins et des stratégies pour l’adaptation et l’appropriation du programme Participe-Présent.

Ginette Aubin est professeure au département d’ergothérapie de l’UQTR et chercheure principale de cette étude. Enthousiaste et passionnée, elle explique que le concept est d’adapter au contexte des centres communautaires de loisir le programme Participe-Présent (Parisien et al, 2017), lancé par le Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal et l’Équipe de recherche en partenariat Vieillissements, exclusions sociales et solidarités (et au développement duquel Mme Aubin a pris part). Le programme consiste entre autres en des ateliers de groupe et des visites de ressources communautaires.

Initialement, le programme avait été pensé pour promouvoir la participation sociale des aînés aux prises avec des difficultés psychosociales. L’idée d’adapter et d’élargir le programme est venue de centres communautaires de loisir, dans l’optique de lutter contre l’exclusion et d’améliorer l’accessibilité du loisir pour tous. Tranquillement, le projet de recherche-action est né.

Selon Ginette Aubin, ce qui est bien avec les projets de recherche-action, c’est que les personnes concernées sont impliquées. Un comité de pilotage est actuellement en place et comprend autant des chercheurs que des aînés vivant avec un problème de santé mentale, 

des membres de l’entourage, des intervenants de centres de loisirs et des usagers de ces centres. Le comité travaille à l’identification des besoins de ces différents groupes de personnes et explore les moyens pour adapter le programme. Comment faire pour que les aînés vivant avec un problème de santé mentale se sentent mieux dans les ressources communautaires non spécialisées? On se penche autant sur les besoins d’inclusion que sur le besoin pour les centres de loisirs et leurs usagers d’être inclusifs. 

Des groupes de discussion seront mis en place dès cet hiver : des personnes issues des groupes nommés précédemment sont invitées à y prendre part, moyennant une compensation financière. Il s’agit de petits groupes qui se rencontreront une seule fois et qui pourront donner leur avis. À noter aussi qu’il est encore possible de joindre le comité de pilotage.

 

UNE OCCASION DE PARTICIPATION SOCIALE EN SOI

Une grande question traverse le projet :  qu’est-ce qu’on pourrait retenir de cette étude pour influencer certaines politiques publiques en lien avec le vieillissement actif et l’inclusion? En plus d’alimenter directement la recherche-action, la participation des citoyens impliqués fournira des pistes de solution à cette interrogation. C’est là un bel aspect de cette recherche : les principales personnes concernées ont l’occasion de donner leur avis, de faire valoir leurs préoccupations, de faire évoluer la société. Telle un cordonnier bien chaussé, cette recherche permet directement ce qu’elle souhaite promouvoir plus largement : la participation sociale et l’inclusion. 

Pour participer au comité de pilotage ou aux groupes de discussion : Tél. (819) 376-5011 poste 6252

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Être à bout de souffle et l’assumer http://procheentouttemps.org/blog/etre-a-bout-de-souffle-et-lassumer.html http://procheentouttemps.org/blog/etre-a-bout-de-souffle-et-lassumer/#respond Thu, 12 Nov 2020 20:10:29 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/etre-a-bout-de-souffle-et-lassumer.html

Par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps.

La détresse chez les membres de l’entourage de personnes ayant un problème de santé mentale est trois fois plus élevée que dans la population en général.
La détresse chez les membres de l’entourage de personnes ayant un problème de santé mentale est trois fois plus élevée que dans la population en général.

Accompagner une personne aînée vivant avec un problème de santé mentale, c’est souvent une source de stress. Ce n’est pas la personne elle-même qui est source de stress : c’est la situation et tout ce qu’elle implique. Qu’on aime la personne, qu’on veuille son bonheur, qu’on soit prêt à lui consacrer beaucoup de temps n’y change pas grand-chose : l’inquiétude est là et parfois, avec la fatigue et le stress, notre tolérance diminue. Il est fréquent de développer du ressentiment, d’éprouver de la colère envers notre proche, malgré toute la bonne volonté dont on fait preuve.

UNE DÉTRESSE TROIS FOIS PLUS ÉLEVÉE

Il est scientifiquement démontré que la détresse chez les membres de l’entourage de personnes ayant un problème de santé mentale est trois fois plus élevée que dans la population en général. Avec l’actuelle pandémie, le risque d’épuisement est amplifié. La professeure-chercheuse Mélissa Généreux, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé à l’Université de Sherbrooke, souligne que « ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les niveaux de dépression et d’anxiété au Québec sont actuellement considérablement plus élevés que ce qui était observé en prépandémie ».

La personne atteinte d’un problème de santé mentale est aussi plus à risque de voir ses symptômes aggravés par la pandémie. Par exemple, chez les personnes vivant avec la schizophrénie, le confinement et les mesures de distanciation peuvent favoriser la perception d’une hostilité chez l’autre, ou l’impression d’être persécuté.

N’est-il pas normal, considérant tout cela, de se sentir à bout de souffle, épuisé, en tant que membre de l’entourage, en tant qu’aidant, mais aussi comme qu’individu?

L’ÉPUISEMENT PAR COMPASSION

Madeleine Fortier, auteure du livre Usure de compassion, définit ce concept comme étant une volonté de prendre sur soi la souffrance de l’autre, une sympathie, une identification qui peut se produire lorsqu’on est très engagé dans notre rôle d’aidant.

Qu’on aide par choix ou qu’on se sente obligé de le faire, on se dit souvent qu’on est capable, qu’on est fatigué certes, mais qu’on peut y arriver, qu’on est fait fort, qu’on n’a pas à se plaindre. On peut aussi se sentir valorisé par le fait de soutenir notre proche ou encore avoir peur de se faire juger si on met certaines limites.

Il se peut toutefois que dans notre rôle d’aidant, dans notre vie, on arrive à un point où l’épuisement est bien réel, dépasse de loin la fatigue passagère. Lorsque depuis longtemps on assume trop de tâches, que le vase est sur le point de déborder ou même déborde déjà, reconnaître qu’on est à bout de souffle peut faire le plus grand bien. Reconnaître, c’est un pas vers l’acceptation, vers le fait de se dire « Je n’en peux plus, et c’est correct ». On a le droit d’être fatigué, d’être épuisé.

On a le droit de se donner un temps pour écouter nos pensées, pour ressentir nos émotions. D’apprendre à ralentir. D’accepter qu’il soit grand temps de se reposer.

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Les risques des benzodiazépines chez les aînés http://procheentouttemps.org/blog/les-risques-des-benzodiazepines-chez-les-aines.html http://procheentouttemps.org/blog/les-risques-des-benzodiazepines-chez-les-aines/#respond Mon, 19 Oct 2020 19:59:21 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/les-risques-des-benzodiazepines-chez-les-aines.html

par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps

L’utilisation de benzodiazépines peut être dangereuse chez les aînés et pourtant, ils figurent parmi les plus grands consommateurs. Selon des données de l’Institut canadien d’information sur la santé (2016), 11,1 % des 65 à 74 ans, 14,4% des 75 à 84 ans et 16,9% des 85 ans et plus en font l’usage.
L’utilisation de benzodiazépines peut être dangereuse chez les aînés et pourtant, ils figurent parmi les plus grands consommateurs. Selon des données de l’Institut canadien d’information sur la santé (2016), 11,1 % des 65 à 74 ans, 14,4% des 75 à 84 ans et 16,9% des 85 ans et plus en font l’usage.

Les benzodiazépines sont des médicaments de la classe des anxiolytiques, c’est-à-dire des médicaments qui sont utilisés pour le traitement de l’anxiété. Ils sont aussi souvent prescrits pour l’insomnie. Ils diminuent l’excitabilité du système nerveux central, apaisant les sensations de tension, de panique, d’irritabilité, d’hyper vigilance, etc. De manière simplifiée, on peut dire qu’ils ralentissent l’activité du cerveau, entraînant un état plus calme, voire somnolent. Ils agissent aussi comme relaxants musculaires.

SURDOSAGE INVOLONTAIRE

La sensibilité à ce type de médicament augmente avec l’âge : les benzodiazépines peuvent avoir des effets plus prononcés et plus longs. Par exemple, des modifications du cerveau chez les aînés font que le temps nécessaire pour que la concentration du médicament diminue dans l’organisme augmente avec le vieillissement, exposant les utilisateurs à des risques d’accumulation et de surdosage involontaire.

Les effets secondaires sont donc logiquement amplifiés, pouvant entraîner de la confusion, des pertes cognitives, des pertes de mémoire, des troubles de coordination (et donc un risque de chutes), de la somnolence (augmentant par exemple le risque d’accidents de la route), etc. On a aussi relevé des risques de complications pour les personnes souffrant de bronchite chronique ou d’emphysème. Ce médicament provoque en outre une dépendance et son utilisation doit être surveillée.

UN PROBLÈME SOCIAL?

Selon Guilhème Pérodeau, gérontologue, l’utilisation problématique de ces médicaments chez les aînés pourrait révéler une société impuissante à leur venir en aide. Prescrit-on trop de ces molécules, particulièrement chez les aînés? Tout porte à le croire. Plusieurs spécialistes les considèrent même comme étant inappropriés chez cette tranche de la population.

On peut se demander quels symptômes ont emmené la personne à prendre ces médicaments et à continuer de les prendre à long terme. Est-ce que ces symptômes ont été traités parallèlement à la prise de médicaments? Est-ce qu’une thérapie a été faite ou envisagée? Ce sont des questions que l’on devrait se poser, en tant que professionnel, mais aussi en tant que membre de l’entourage.

Les Lignes directrices canadiennes sur le trouble lié à l’utilisation des agonistes des récepteurs des benzodiazépines chez les personnes âgées (2019), de la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées, formulent 23 recommandations liées à l’utilisation de ces médicaments chez les aînés. La première stipule d’éviter la prise pour plus de 4 semaines à cause des conséquences nommées plus haut et du risque de dépendance. La recommandation numéro dix s’adresse en partie aux membres de l’entourage : « Les professionnels de la santé ainsi que les personnes âgées et leur famille doivent faire la promotion d’un accès adéquat à des options non pharmacologiques pour la prise en charge de l’insomnie, des troubles anxieux (…) ».

Il faut toutefois faire attention et garder en tête que dans certains cas, ces médicaments peuvent être bénéfiques. Il n’y a pas de mode d’emploi précis s’appliquant également à tous les êtres humains… L’important pour l’entourage est de surveiller les effets secondaires, de noter ses observations pour éventuellement les communiquer au médecin, d’emmener la personne à parler de ce qu’elle ressent et au besoin de lui proposer de travailler les symptômes anxieux, de dépendance ou autres par le biais d’une thérapie.

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Le trouble de personnalité limite chez les aînés http://procheentouttemps.org/blog/le-trouble-de-personnalite-limite-chez-les-aines.html http://procheentouttemps.org/blog/le-trouble-de-personnalite-limite-chez-les-aines/#respond Tue, 23 Jun 2020 17:57:35 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/le-trouble-de-personnalite-limite-chez-les-aines.html

par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps

arbre-neuronal-300x256Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e édition), le trouble de personnalité limite est caractérisé par une impulsivité marquée et une instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des affects. Parmi les symptômes fréquemment évoqués se retrouvent un sentiment de vide intérieur, des efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginaires ainsi que des idées suicidaires. Les personnes concernées peuvent avoir la croyance (inconsciente et invalidante) que personne n’est assez fort pour les aider.

La théorie de l’attachement fait partie des hypothèses pour expliquer le développement de ce trouble. Le psychiatre John Bowlby décrit l’attachement comme un système de comportements activé lorsque l’enfant se sent en danger parce que son objet d’attachement (le parent) s’éloigne. La réaction de l’enfant a pour but de faire revenir la figure d’attachement. Lorsque l’enfant redevient sécurisé, le système d’attachement cesse d’être activé et l’enfant peut explorer son environnement. Les personnes ayant un trouble de personnalité limite, selon cette hypothèse, auraient développé, enfants, un attachement insécure désorganisé.

LES SPÉCIFICITÉS CHEZ LES AÎNÉS

Avec le temps, on note souvent une amélioration du fonctionnement chez les personnes vivant avec un trouble de personnalité limite. Toutefois, en vieillissant, elles peuvent devenir plus vulnérables aux pertes, qui peuvent entraîner des décompensations (rupture de l’équilibre psychique), pouvant s’observer par une opposition importante aux tentatives d’aide, des troubles de l’humeur, une peur accrue de l’abandon induisant des comportement agressifs ou autodestructeurs (pour tenter d’éviter ces abandons), etc.

La prise en charge de ce trouble chez les personnes aînées demeure complexe. Plusieurs n’ont jamais reçu de diagnostic. Il était plus rare auparavant de consulter pour des questions de santé mentale lorsqu’on était fonctionnel au quotidien. On mettait cela sur le compte d’une personnalité forte, par exemple.

QUE PEUT FAIRE L’ENTOURAGE POUR ACCOMPAGNER UN PROCHE AÎNÉ AYANT UN TROUBLE DE PERSONNALITÉ LIMITE?

La personne concernée ne cherche pas à être désagréable et ne vit pas des hauts et des bas intenses pour le plaisir. Elle souffre. L’entourage pourra la soutenir en validant ses émotions. Il peut être bien de suggérer certaines solutions, sans les imposer ni se fâcher si elles sont réfutées: c’est à la personne concernée de faire ses propres choix (et d’en assumer les conséquences). L’entourage gagnera à établir ses limites, à les exprimer clairement et surtout à les respecter. Si on croit que la personne est en danger pour elle-même, pour autrui ou encore si on soupçonne une inaptitude, on pourra contacter le CLSC ou même le 911 pour obtenir de l’aide.

LA PSYCHOTHÉRAPIE, EFFICACE CHEZ LES PERSONNES AÎNÉES?

Contrairement aux idées reçues, les aînés répondent bien à la psychothérapie. La thérapie dialectique comportementale ainsi que la thérapie des schémas ont été développées pour les personnes ayant un trouble de personnalité limite. Toutefois, il n’y a pas, à notre connaissance, de travaux indiquant leur efficacité chez les aînés aux prises uniquement avec ce trouble.

Plusieurs thérapies impliquent un processus assez long qui se fait généralement au privé. Tout le monde n’a pas les moyens. Des services sont aussi offerts dans les CLSC. La personne concernée, une fois au fait des possibilités, pourra choisir ce qui lui convient le mieux, si elle choisit de consulter.

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L’anxiété en temps de crise http://procheentouttemps.org/blog/lanxiete-en-temps-de-crise.html http://procheentouttemps.org/blog/lanxiete-en-temps-de-crise/#respond Sat, 23 May 2020 15:19:39 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/lanxiete-en-temps-de-crise.html

Par Marianne Cornu, collaboratrice pour Proche en tout temps

old-woman-by-the-windowSelon des données de l’Institut national de santé publique du Québec, 22% des québécois de plus de 65 ans éprouvent une détresse psychologique élevée. C’est moins que dans les autres tranches d’âge, mais ça reste beaucoup. En temps de crise, comme c’est le cas actuellement, on peut supposer que le chiffre est bien plus élevé. Car cette crise du COVID-19, comme bien d’autres crises, les touche particulièrement.

La peur est une émotion que l’on ressent face à un danger réel, voire potentiel. Le danger, dans la crise actuelle, est on ne peut plus réel. On y est exposé continuellement, que ce soit en personne si on a des contacts, comme c’est le cas en résidence, à l’hôpital ou lors d’une simple sortie dans un commerce, ou encore à travers les médias, à travers nos conversations.

Les personnes aînées peuvent craindre d’attraper la maladie, d’avoir des complications, que des personnes de leur entourage l’attrapent, ils peuvent avoir peur de mourir, avec tout ce que la situation implique, comme les limitations en termes de visites à l’hôpital en contexte de fin de vie ou l’absence de funérailles dignes de ce nom. Ils vivent des pertes importantes, comme l’impossibilité de sortir et de voir des gens.

À force de ressentir de la peur, de l’incertitude, d’être limité dans nos activités, la perception qu’on a du danger peut devenir exagérée ou prendre beaucoup de place, pour le peu qu’on ait une tendance anxieuse. On imagine jusqu’où ça peut aller pour une personne avec un trouble anxieux à proprement parler, ou encore avec un autre trouble de santé mentale.

Si l’on ajoute à cela le stress et l’anxiété ambiants, ressentis et véhiculés par les autres, qu’ils soient co-résidents, voisins, membres de la famille, sachant que le stress peut être « contagieux », nous voilà face à un cocktail assez corsé.

Chez les aînés, l’anxiété est tout particulièrement associée à la dépression (et à une foule d’autres problèmes de santé). Il est d’autant plus important de trouver des moyens pour la diminuer, ne serait-ce qu’un peu.

L’attitude et la disponibilité de l’entourage (famille, bénévoles, amis…) pourra faire une grande différence. Des appels téléphoniques réguliers, où la légèreté et le rire seraient mis de l’avant, sans occulter les difficultés, pourraient s’avérer salvateurs.

On peut aussi suggérer à nos proches aînés qui écoutent les nouvelles en continu de varier leurs activités, ou du moins d’écouter autre chose, car une surexposition peut augmenter l’anxiété. Trop d’information peut aussi être difficile à traiter pour le cerveau, peu importe le contenu.

Il peut être utile de poser la question suivante à un proche aîné pour qui on s’inquiète : « La dernière fois que vous avez vécu une grosse épreuve, comment vous avez fait pour passer au travers? » Sa réponse pourrait nous indiquer ses facteurs de protection les plus efficaces : sentiment de compétence, capacités d’adaptation, soutien de l’entourage, créativité, spiritualité, loisirs, etc. On peut alors essayer de miser sur des moyens semblables pour l’aider à traverser du mieux possible la crise actuelle.

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Santé mentale : l’entourage et la perte de mobilité des aînés http://procheentouttemps.org/blog/sante-mentale-lentourage-et-la-perte-de-mobilite-des-aines.html http://procheentouttemps.org/blog/sante-mentale-lentourage-et-la-perte-de-mobilite-des-aines/#respond Wed, 08 Apr 2020 18:00:53 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/sante-mentale-lentourage-et-la-perte-de-mobilite-des-aines.html

Par Kathy Guilhempey, coordonnatrice du projet Proche en tout temps.

person-731233Les mesures de confinement liées à la COVID-19 vous irritent-elles en vous empêchant d’aller où et quand bon vous semble? Vous êtes-vous ennuyé de voir vos amis en personne, d’aller au cinéma ou au restaurant? Sans le savoir, vous avez expérimenté ce que vivent bien des aînés qui ont des difficultés de mobilité. Mais contrairement à eux, nous allons retrouver notre liberté de déplacement. Alors voyons comment les accompagner au mieux dans cette réalité qu’il nous a été donné d’expérimenter.

PERMIS DE CONDUIRE ET DÉPLACEMENTS AUTONOMES

En 2009, au Canada, pour près de 60% des plus de 65 ans, conduire était la principale façon de se déplacer (Statistiques Canada, 2012). Cette même année, mais au Québec cette fois, 41% des plus de 75 ans n’avaient pas accès à un véhicule motorisé. La perte du permis de conduire chez les aînés est un deuil difficile à faire, même s’il est graduel. Cette perte peut parfois s’accompagner d’une détresse significative, à plus forte raison, si la personne vit dans un lieu éloigné de tout service.

Dans cette période de fragilité, il va être important pour l’entourage d’observer comment le proche aîné compose avec cette nouvelle réalité au fil du temps. L’idée n’est pas de trouver des solutions à la place du proche mais de le soutenir dans cette démarche. Certaines personnes auront besoin d’un peu d’aide pour connaître les ressources disponibles, pour faire des courses, d’autres auront besoin d’être davantage guidées et d’autres enfin, seront plus autonomes. Il est important d’intervenir  – si nécessaire – en fonction du besoin pour ne pas, ni délaisser, ni déresponsabiliser la personne.

RÉAGIR ET PRÉVENIR

On l’a dit : perdre en autonomie de déplacement amène une personne à vivre des émotions peu agréables. Elles lui seront néanmoins nécessaires pour intérioriser cette nouvelle réalité, en les accueillant, tout simplement ; sans les exacerber, ni les nier. Toutefois, si ces émotions sont d’une intensité telle, qu’elles prennent toute la place ou si elles sont encore présentes après que bien du temps ait passé, s’en ouvrir à la personne concernée et l’inviter à chercher une aide adaptée est l’option à privilégier.

L’entourage peut également jouer un rôle de prévention, en agissant en amont. Par exemple, en conscientisant la personne aînée sur le fait que ses difficultés de mobilité pourraient éventuellement avoir des répercussions sa vie sociale. Car les amis, ce sont des personnes avec qui on fait des activités : prendre un café, assister à un spectacle… En les côtoyant peu ou moins à cause du transport, ce sont autant de bons moments qui s’estompent, puis s’effacent du paysage des journées. L’ennui pourrait venir guetter. Peut-être même l’anxiété et/ou la dépression. Il n’est pas question ici d’être alarmiste : simplement de nommer les risques, pour mieux les prévenir.

Enfin, pourquoi ne pas initier les aînés de notre entourage aux nouvelles technologies, s’ils le souhaitent et s’ils ne sont pas déjà familiers avec elles? Un appel vidéo ne remplacera jamais l’apaisement d’une main posée sur son bras, mais il permet au moins de voir un regard pétillant d’amour se poser sur soi.

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Renouer http://procheentouttemps.org/blog/renouer.html http://procheentouttemps.org/blog/renouer/#respond Thu, 12 Mar 2020 17:15:25 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/renouer.html

Par Kathy Guilhempey, coordonnatrice du projet Proche en tout temps.

Par Lucas Van Oort, via Unsplash
Renouer avec un proche, aujourd’hui aîné, qui vit avec une maladie mentale est, certes un exercice difficile, mais aussi une réalisation personnelle majeure

La maladie mentale peut altérer les pensées de la personne qui en souffre et l’amener à développer une perception de la réalité qui est biaisée par la maladie elle-même. Cette perception peut donc aussi emmener une modification du comportement de la personne. On observe souvent un retrait social chez la personne dépressive par exemple. Pour d’autres, pensées et perceptions altérées peuvent conduire à ressentir et exprimer de la méfiance, de la colère, voire de l’agressivité. L’entourage de la personne concernée est aux premières loges et subit souvent ces répercussions de plein fouet. Malgré l’amour et la patience, les relations peuvent devenir tendues, puis s’émousser jusqu’à se rompre totalement. Totalement? Peut-être pas : il est parfois possible de renouer. Même si la personne est âgée et qu’on se dit que rien ne pourra changer.

Les années passent et apportent leur lot d’épreuves et de réflexions. Et c’est ainsi qu’un matin, Guy repense à Réjean, son grand frère, l’aîné de la famille avec qui il a coupé tout lien depuis 35 ans. Parce que Réjean l’a plus souvent qu’autrement insulté et accusé à tort. Et c’est ce que Guy a retenu : l’affront subi. 

Toutes les personnes qui croisent Réjean le qualifient de « fou » : il se parle tout seul sans arrêt… à gorge déployée. Ces personnes ne voient que la maladie, pas la personne; alors que pour Guy, c’est l’inverse : il voit la personne mais refuse de voir la maladie dont son frère souffre et qui interfère avec ses pensées et ses comportements. Pour éventuellement renouer, Guy devra débuter par changer de regard sur son frère Réjean. C’est-à-dire accepter de le voir tel qu’il est vraiment : une personne… qui souffre d’une maladie s’immisçant dans ses moindres pensées.

Reste à savoir comment reprendre contact après tant d’années, si tel est notre souhait. Si la personne vit en résidence, approcher les employés, après avoir expliqué notre démarche, pourrait apporter beaucoup d’informations : à quel moment de la journée elle sera le plus disponible, ce qu’elle aime faire pour occuper ses journées… Par exemple, jouer aux cartes pourrait être une activité qui aiderait à faire passer les silences gênants, qu’il ne manquera pas d’y avoir, dans la reprise d’une conversation interrompue depuis tant d’années. 

Glen Hodson via Unsplash
Avoir traversé soi-même même un grave burn-out par exemple, peut faciliter un changement de regard sur la maladie mentale

Il va être important de laisser le temps à la personne concernée d’accepter de renouer contact, car elle n’aura peut-être pas fait le même cheminement intérieur, elle ne sera peut-être pas « rendue là ».  Elle aura d’ailleurs le droit de refuser tout contact actuel et futur. S’y préparer mentalement pourrait aider à mieux l’accepter.

Renouer est un exercice délicat qui ravivera de nombreuses émotions difficiles. Et, en ce sens, renouer avec un proche aîné vivant avec une maladie mentale, ce n’est possiblement pas pour tout le monde. C’est important de le savoir et de l’accueillir sans jugement. Renouer demande du temps, du courage et du pardon. Pour autant, c’est probablement une des réalisations personnelles dont on sera le plus fier dans sa vie. C’est un exploit humain qui s’accomplit dans le silence des cœurs et qui se nomme « aimer ». C’est contribuer à parfaire le monde et sa beauté.

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Regard sur les services en santé mentale pour aînés http://procheentouttemps.org/blog/regard-sur-les-services-en-sante-mentale-pour-aines.html http://procheentouttemps.org/blog/regard-sur-les-services-en-sante-mentale-pour-aines/#respond Thu, 20 Feb 2020 21:35:32 +0000 http://procheentouttemps.org/blog/regard-sur-les-services-en-sante-mentale-pour-aines.html

Par Kathy Guilhempey, coordonnatrice du projet Proche en tout temps

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Les services de soin en santé mentale ne sont pas parfaits, mais ils existent : nous ne devrions jamais hésiter à aller chercher de l’aide. – crédits: sincerely media

Les services offerts en santé mentale par le réseau de la santé ont défrayé la chronique au cours des derniers mois : des personnes en détresse, faute de recevoir des soins adaptés à la gravité de leur état, ont mis fin à leurs jours. Dans un tel contexte, les membres de l’entourage d’une personne aînée vivant avec une problématique en santé mentale peuvent légitimement se demander comment faire confiance à ces mêmes services pour répondre adéquatement aux besoins de leur proche, souvent complexes en raison de la présence simultanée de plusieurs conditions de santé différentes.

DES CHANGEMENTS NÉCESSAIRES

Une remise en question et un changement de pratiques dans l’offre de soins en santé mentale sont nécessaires, pour éviter une perte de confiance. Et c’est un risque que nous ne pouvons pas nous permettre de courir : quand une personne est en crise suicidaire, aller chercher de l’aide demande du courage… mais aussi de la confiance en la capacité du système de santé à répondre à ses besoins impérieux et immédiats. Sans cette confiance, le courage ne servirait à rien… pour ainsi dire.

POSER UN REGARD LUCIDE

Malgré les événements tragiques relatés plus haut, la compétence des professionnels de la santé n’a en rien été modifiée. Nous avions et avons toujours, d’excellents médecins, infirmières, travailleurs sociaux, etc. La gériatrie est une spécialité relativement nouvelle qui permet de mieux comprendre et traiter les portraits cliniques complexes des aînés. La psychiatrie se dote aussi  d’une sur-spécialité : la géronto-psychiatrie. Bien que submergées de demandes, les ressources sont là et sont de qualité. Reste à y avoir plus facilement accès.

RÉAGIR et AGIR

En attendant les changements évoqués plus hauts, que faire? Une réaction constructive serait que les membres de l’entourage en santé mentale investissent d’autant plus leur rôle d’accompagnateur[1], toujours dans la limite de leurs capacités. Par exemple, si un proche est totalement désorganisé, il ne sera pas le mieux placé pour expliquer l’intensité de sa détresse à un médecin. Parfois également, l’entourage peut insister pour s’assurer du respect des droits et besoins du proche, rappeler que la concomitance d’un autre problème de santé peut interférer dans la compréhension de la situation, etc.

Au-delà de cette réaction, développer une vision de ce à quoi des services de santé mentale optimaux pourraient ressembler permet de ne plus se placer seulement en réaction, mais en action, en partageant cette vision lors de tables de concertation. L’expertise et le point de vue des membres de l’entourage en santé mentale auprès d’aînés doivent être entendus : une personne sur sept au Québec a 65 ans ou plus[2] . Les membres de l’entourage peuvent donc également devenir des partenaires.

Pour terminer, plus que jamais, la collaboration de l’entourage en tant qu’accompagnateur de son proche, mais aussi en tant que partenaire des services de santé, est essentielle pour pallier les lacunes actuelles des services en santé mentale du système de santé. Mais elle est essentielle aussi depuis toujours : parce qu’on chemine mieux sur le chemin du rétablissement quand on est soutenu.

[1] Les rôles d’accompagnateur et de partenaire, sont deux des rôles identifiés dans le modèle CAP du Réseau Avant De Craquer. Pour en savoir plus : http://www.avantdecraquer.com/identifier-votre-role/gardez-cap-modele-retenir/

[2] Statistique de 2011, de la direction de la recherche, de l’évaluation et de la statistique du ministère de la Famille et des Aînés.

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